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22 août 2009

Les moules

M__8_ans     J'avais quoi, 8, 9 ans pas plus. J'étais en vacances dans le nord, chez ma tante qui était aussi ma marraine. C'est la seule fois où j'y suis allée. D'habitude, c'était chez ma grand-mère à Lille, ma "méméralil" comme je l'appelais, une femme admirable, pudiquement pieuse, et d'un humour féroce, qui avait élu domicile près de la Deule, nostalgique qu'elle était de son ancienne vie de marinière. Va savoir pourquoi, elle m'avait surnommée Zaza et tout le monde là-bas m'appelait Zaza. Chaque année, quand j'arrivais dans le Nord, je changeais d'identité.
    
De ces vacances chez ma marraine, j'avais tout oublié. Tout scotomisé comme on dit. Je n'avais conservé que l'odeur... l'odeur des moules marinières. Jusqu'à l'âge de 30 ans où 3 ou 4 scènes ont resurgi de ma mémoire au cours d'une thérapie de groupe.
    
La première scène se passe avec ma cousine qui avait le même âge que moi. Nous sommes accroupies dans de hautes herbes, je me souviens qu'elles étaient hautes ces herbes, culottes baissées, une herbe à la main en train de nous chatouiller le sexe, en riant et en échangeant nos impressions. Chacune son herbe, chacune son sexe. Quand une sorte de beuglement nous a obligées à lever la tête : ma tante, sa mère, là juste au-dessus des hautes herbes, les yeux exorbités, la bouche grande ouverte. Tiens, on aurait dit le fameux tableau de Munch. Je déteste ce tableau.
    
La seconde scène, c'est le repas du soir. Je n'avais pas faim, ça je m'en souviens. Mais on me force à manger des moules et ensuite une banane. Je sens encore la banane qui restait bloquée, là, juste à l'entrée de ma gorge, taquinant ma luette, et j'entends encore ma tante qui disait "avale tout".
    
La troisième scène nous voit à genoux, ma cousine et moi, devant le lit, mains croisées, probablement obligées de réciter un quelconque acte de contrition, dont j'ignorais hélas les paroles. Et en ch'ti je ne connaissais que la chanson "dors mon tiot quinquin". Lorgnant discrètement sur ma cousine qui avait l'air de savoir de quoi elle causait, j'ai essayé d'imiter ses mouvements de lèvres en prenant un air absorbé.
     La nuit,
j'ai tout vomi. Les moules, l'herbe, la banane, le sexe, le bon dieu, le tiot quinquin, ma marraine aussi probablement.
     Et pendant les 20 années suivantes, j'ai tout occulté. Et personne, étonnamment, ne m'en jamais reparlé. Les (més)aventures sexuelles de Zaza au pays des ch'tis ont été passées à la trappe, reléguées dans le tiroir aux tabous, classées secret déviance. Seule en a émané l'odeur si particulière
des moules marinières qui, chaque fois, me donnait des hauts-le-coeur. Jusqu'à cette thérapie de groupe qui m'a permis, non seulement de me souvenir, de décoder moules et banane, mais aussi de m'apercevoir que l'inconscient de certains adultes pouvait parfois être assez tordu. Et là, le petit diable qui est en moi a pensé "bien fait pour elle, elle a dû nettoyer tout mon vomi".
     Depuis ? et bien je mange des moules, mais pas marinières, je les préfère au curé, heu... au curry. Mon dieu, pardonnez-moi ce lapsus comme j'ai pardonné à.....

    

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Commentaires
M
@ TOUS > Merci à tous d'être venus poser vos mots ici, quels qu'ils soient et quelle que soit votre motivation. Que certain(e)s veuillent bien m'excuser de ne pas toujours savoir renvoyer la balle.<br /> <br /> Quelque plaisantin(e) ayant confondu mon blog avec des gogues, j'ai été obligée de mettre la "modération des commentaires", lesquels n'apparaîtront donc pas de suite si je ne suis pas là, derrière l'écran, à guetter le chaland ! J'espère que cela ne vous empêchera pas de continuer à me laisser vos appréciations. Dès que les mauvaises odeurs se seront dissipées, je refonctionnerai en mode normal, promis.
G
Intérressante votre histoire "secret-défiance". Les adultes ont vite fait d'interpréter le monde à leur façon d'adulte. Dommage pour les enfants ...
M
AL.QA > Si j'ai bien tout compris présentement, à la base tu étais aussi barbu que ton frère, mais comme les hautes herbes s'emmêlaient toujours dedans quand, allongé, tu lorgnais ta petite soeur, tu as décidé de te dépoiler totalement (qu'est-ce que je me poile, moi !), et, pris d'une soudaine culpabilité envers ladite soeur, tu vas lui faire un cadeau. <br /> J'avais oublié que je t'avais invité à manger des moules, figure-toi, la chaleur probablement qui m'joue des tours, mais pas de problème, je les prépare tout de suite. Amène donc un petit blanc sec bien frais, s'teuplait. <br /> PS Et tu sais mieux que moi que ce qui est masculin ne révèle jamais entièrement tous ses secrets. Ce qui ne me dérange pas, au contraire. J'adore les secrets masculins.<br /> Je t'embrasse aussi (si je n'ai pas tout compris, tu me le dis, hein ?) (mdr).
S
Une histoire pleine d'odeurs fraiches et moins fraiches, de relents de psychanalyse telle que je ne l'aime pas (la psychanalyse, pas l'histoire. on s'y croirait, avec aussi des croquemitaines femelles et le spectre de la religion, quel cocktail, à siroter après si longtemps ! Vous racontez très bien, mais ça, vous le savez !
A
alqa71.<br /> al.qaida: la base<br /> 71: année de naissance. <br /> A la base (en 1971) j'étais déjà présent.<br /> Connotation barbu ? : On est tous des frères. Surtout moi.<br /> Le moyen de me méler s'en m'en méler tout en m'emmelant.<br /> Biz. Te llamo cuando tenga el regalo de tu hermana.<br /> Mû: Merci pour ton invitation. Et cet espace.<br /> Tu sais mieux que moi que tout ce qui est féminin ne révèle jamais entièrement toutes ses beautés...<br /> Biz à toi.<br /> al.qa.
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