Sale temps, les mouches patinent
Ciel maussade à tendance pluvieuse. Pas une pluie violente qui te fouette le dos et te fait courir à perdre haleine en riant, non, une bruine douce comme une caresse, insidieuse comme une rumeur, qui s'infiltre dans la moindre de tes porosités, jusqu'à l'os, et s'y installe confortablement. Suis benaise, moi, là, sous ma couette, dans mes odeurs nocturnes, algues et essence d'eucalyptus, les yeux tournés vers la trouée céleste, les neurones allanguis tricotant dans le désordre des pensées non conjuguées qui sautent de branche en branche, du sol au plafond, d'ouest en est, de moi à toi, peut-être aussi de toi à moi, qui sait. Je pense à celui-ci qui bave ses mots comme un enfant qui fait ses dents. A cette autre qui règle ses comptes affectifs en live à s'en meurtrir l'âme. A cette autre encore, qui silence, emmurée dans son pathos familial. Je pense à mon frère mort il y a exactement deux ans d'une maladie "foudroyante" sans avoir pu fumer son dernier joint... ça pour foudroyer elle a foudroyé. Moi itou. Je pense à ce dieu improbable qui me ferait presque croire à l'existence du diable. Tiens, je relirais bien "le Maître et Marguerite", l'un des rares livres que j'ai conservé de ma période russe quand j'ai fait le ménage dans ma bibiliothèque. Ménage, faut que je... Nan, pas aujourd'hui. Je préfère penser à toi, encore, toi qui viens dans mes riens aux heures plates du matin. Toi qui. Toi que. Toi qui joues à moi et à mots. "Et où les mettre ces mille mots qui pleuplent l'esprit les jours où on a faim à en mourir"... qui a écrit ça déjà ? qui ? Flûte j'ai un trou de mémoire, là.
Journal, 16 septembre 2009