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3 décembre 2009

Les Poètes

"Ce sont de drôles de types qui vivent de leur plume
Ou qui ne vivent pas c'est selon la saison
Ce sont de drôles de types qui traversent la brume
Avec des pas d'oiseaux sous l'aile des chansons

Leur âme est en carafe sous les ponts de la Seine
Leurs sous dans les bouquins qu'ils n'ont jamais vendus
Leur femme est quelque part au bout d'une rengaine
Qui nous parle d'amour et de fruit défendu

Ils mettent des couleurs sur le gris des pavés
Quand ils marchent dessus ils se croient sur la mer
Ils mettent des rubans autour de l'alphabet
Et sortent dans la rue leurs mots pour prendre l'air

Ils ont des chiens parfois compagnons de misère
Et qui lèchent leurs mains de plume et d'amitié
Avec dans le museau la fidèle lumière
Qui les conduit vers les pays d'absurdité

Ce sont des drôles de types qui regardent les fleurs
Et qui voient dans leurs plis des sourires de femme
Ce sont de drôles de types qui chantent le malheur
Sur les pianos du cœur et les violons de l'âme

Leurs bras tout déplumés se souviennent des ailes
Que la littérature accrochera plus tard
A leur spectre gelé au-dessus des poubelles
Où remourront leurs vers comme un effet de l'Art

Ils marchent dans l'azur la tête dans les villes
Et savent s'arrêter pour bénir les chevaux
Ils marchent dans l'horreur la tête dans des îles
Où n'abordent jamais les âmes des bourreaux

Ils ont des paradis que l'on dit d'artifice
Et l'on met en prison leurs quatrains de dix sous
Comme si l'on mettait aux fers un édifice
Sous prétexte que les bourgeois sont dans l'égout"

Léo Ferré

"Je reconnais à ceci un poète : en le fréquentant, en vivant longtemps dans l'intimité de son oeuvre, quelque chose se modifie en moi, non pas tant mes inclinations ou mes goûts que mon sang même, comme si un mal subtil s'y était introduit pour en altérer le cours. (...) Car le poète est un agent de destruction, un virus, une maladie déguisée et le danger le plus grave, encore que merveilleusement imprécis, pour nos globules rouges. Vivre dans ses parages ? c'est sentir le sang s'amincir, c'est rêver un paradis de l'anémie, et entendre dans les veines des larmes ruisseler..." (Cioran)

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Commentaires
K
Ouyouyouille Ferré, j'ai du mal avec celui_là : c'est comme une épine dans mon doigt de pied, j'sais pas pourquoi mais j'renacle. Enfin bon.<br /> <br /> Z'avez dit poètes ? Bin c'est pas tout ça, faut y'aller ... <br /> <br /> J'suis écrivain, foutu métier !<br /> J'mets les fils de trame<br /> et puis les fils de chaîne.<br /> J'vous dis même pas ce que je trame<br /> en sourdine et en catimini !<br /> Les mots ? les soupirs ? j'enchaîne !<br /> et v'là que d'un coup<br /> le poème est fini<br /> … et moi aussi. J'suis cuit !<br /> Lessivé, sur les genoux<br /> je tiens même plus debout.<br /> C'est l'automne, que j'me dis,<br /> laissons les autres trimer<br /> les feuilles s'envolent<br /> qu'ils courent après !<br /> J'suis trop crevé,<br /> c'est marée basse<br /> dans ma calebasse.<br /> Alors j'm'endors<br /> sur mes lauriers<br /> - bien mérités.<br /> <br /> Mais tout à coup y'a comme un cri<br /> eh ! t'écris plus ? C'est-y qu't'es mort<br /> ou enterré ? Ou bien t'hibernes ?<br /> Pourquoi t'as mis l'drapeau en berne ?<br /> Y'a pas à dire, ils y vont fort !<br /> Comprennent donc pas qu'la poésie<br /> ça s'fabrique pas quand l'ciel est gris ?<br /> L'automne est gris d'abord<br /> avant qu'on l'chante.<br /> Y'a du brouillard sur les charpentes<br /> et puis d'la pluie. Quand l'vent s'y met<br /> faut fermer les volets, sortir les bûches,<br /> griller la châtaigne en attendant<br /> qu'ça passe, qu'ça lasse …<br /> Et que l'hiver se pointe.<br /> <br /> … Tiens y'a comme des mots<br /> juste là haut<br /> qui s'envolutent<br /> dans la fumée<br /> d'la cheminée …<br /> <br /> J'suis écrivain …<br /> ça se voit … hein ?<br /> Foutu métier !
S
@ La VERVE DE SERGE...j'aime vos mots mouillés qui savent tricoter (sans F). Bien à vous.
M
BRIGITTE > Maurice Carême.... J'ignore qui c'est ! ça me dit très vaguement quelque chose.... pas un truc d'école ça ?<br /> PS Qu'est-ce que tu commandes au Père Noël ?<br /> :-)<br /> <br /> SERVANNE > Je ne connais pas non plus Alain Bosquet. Honte à moi ? Je m'en vas voir sur gogole.<br /> Merci,
S
Merci pour Ferré, Aragon ...<br /> <br /> à propos, sur les poètes, connais-tu ce texte d' Alain Bosquet ? écrit en 1980, (je l'aime bien ) Je te l'offre ...<br /> <br /> "Le poète comme meuble<br /> <br /> <br /> Le poète appartient aux objets ménagers ;<br /> On le trouve parmi les sécateurs, les pneus, <br /> Les robinets, les clous : troisième étage à gauche,<br /> Dans les grands magasins, où il est disponible<br /> <br /> A des prix modérés. Tous les chefs de rayon<br /> En connaissent l'emploi. Une brochure bleue<br /> Vante ses qualités. Il lui faut peu de place :<br /> Un mètre cube, au maximum, dans la cuisine. <br /> <br /> Le modèle courant consomme du pain dur<br /> Avec un quart de vin. Par un jour de souffrance<br /> Ou de malheur, il peut rendre de grands services<br /> <br /> Car sa spécialité, c'est un air de printemps<br /> Irrésistible et doux, qu'il répand sur les murs,<br /> La machine à laver, le réchaud, la poubelle. "
B
Et pour moi, à Noël, quel cadeau ? J'aime "trop" ça les cadeaux, les ptits machins, les ptits trucs sympatoches et touchants, les ptits livres, et les livres, les ptits coquelicots et les coquelicots, les ptits loups et les loups, les drôles de types qui parfois sont drôles, les poètes quand c'est pas du Maurice Carême...<br /> Léo par-dessus le tout, du plaisir qui goutte à goutte.
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