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2 mai 2008

Des Mots

LE MIEL et L'EAU

Conjugués en absence les Mots servent aussi
de support loufoque à toutes les espérances
Si ce n'était hier obscurcissant le flot
des gestes intrépides jamais recommencés
Si ce n'était hier qui me prie de me taire
et de taire mes Mots déjà ridés d'avance
Si ce n'était hier qui a tôt fait l'usage
d'un savoir oublié de femelle léchante
Si ce n'était hier qui me rappelle au jour
devant miroir lassé de ne servir à rien
Si ce n'était hier...
Mais à quoi bon le nier ?

Jusque là conjugués en ignorance fade
ils servaient de désir et de plainte gémie
jamais tant exprimée que par la Poésie
si tel est bien son nom à cette grande amie
Dessous mon jean's moulant et savamment blanchi
j'avais enfoui les restes de mon adolescence
D'éraflures en usures dosant déjà l'effet
je savais que le cul devait se balancer
pour parfaire dans son extrême finalité
à une séduction menant à l'abstraction du Mot

Peu de frontières alors pouvaient me retenir
si ce n'est la pudeur du geste qui découvre
la plaie ensevelie sous l'âme de cet autre
ou de cette autre encore. Si ce n'est la réserve
du Mot qu'on ne dit pas parce que griffant la peau
si parfaitement diaphane du dessein de la chair
Peu de frontières alors pouvaient me retenir
j'avançais hardiment vers le Miel de la vie
tout n'était que nectar en eau de bouche avide.

Je ne doutais de rien ce mot m'est inconnu
aussi présomptueux que cela puisse paraître
je ne doutais de rien et surtout pas des autres
qui m'apparaissaient comme autant de pays
qu'il fallait découvrir si porteurs de Messages
que je ne savais pas. Je ne doutais pas d'eux
ils étaient des Passages et aussi de passage
Je fomentais l'oubli en les aimant d'amour
aussi sincèrement que l'instant est sacré
Je ne doutais de rien et surtout pas des autres
dont les mains ne retenaient pourtant que l'Eau.

Peu à peu conjugués en expérience folle
ils ont servi d'estrade aux élans de mon astre
comme autant de trous noirs dont jamais ne revient
cet hier rivé en photographie plane
J'aimais bien mon présent il n'était que senteur
qu'impressions fugitives de demains enchanteurs
dont seuls les matins avaient ma préférence
la rosée en effet avait saveur de Miel
J'aimais bien mon présent il me rassérénait.

Où sont mes rites mes alarmes si gorgées d'inutile
quand demain sonne creux tel tambour égaré
par deux mains d'une si entière ressemblance
que j'en confonds Message pourtant gravé d'avance
Si ce n'était hier qui me prie de me taire
j'aurais tôt fait d'extraire le sucre de mon Miel
et mon regard absent n'aurait pas ce langage
dénudé à jamais. Il n'en reste que l'Eau.

A présent conjugués en parfaite abstraction
ils ne sont que reflets d'un éclat oublié
un souvenir de doigts ou un geste défait
un mot qu'on n'entend pas à un moment précis
et qui revient en force tout au fond d'une nuit
un regard attendri que l'on n'avait pas su
accrocher au présent qui ressentait l'ennui
du détail imparfait brisant l'élan vital
Quel était l'essentiel en cet instant fini ?
je ne m'en souviens pas il était un présent
qui s'accordait alors au tempo de mon rythme.

Comment dire et que dire quand déjà la charpente
souligne sa faiblesse et sa fragilité ?
A présent il me faut consolider mon temp
en construisant des murs aux demains imparfaits
que j'entrevois déjà. J'ai besoin du silence
pour ma mélancolie, cette insidieuse ennemie
qui me dira ses Mots et si elle ne veut pas
je saurai bien lui prendre pour les remodeler
les sculpter d'harmonie et de passion enfouie
J'ai besoin de la terre sous mes paumes avides
pour qu'un visage d'homme renaisse de ses cendres
Je lui dirai "Partons ! j'attendais mon Retour
en ce lieu improbable que nous ne savions pas"

Conjugués en après les Mots ont-ils un sens
ou n'est-ce qu'illusion qui permet de durer ?
Si ce n'était hier qui n'a pu être vain
et qui extrait cette Eau à mon être fourbu
Si ce n'était hier qui promet des enfants
aux cheveux emmêlés et aux rires sucrés
j'aurais tôt fait de croire au voyage inutile
Aucune communion n'a scellé mes rencontres
de passante gênée j'ai épousé l'habit
si d'aucuns le regrettent et voulaient retenir
dans leurs mains malhabiles le Miel de ma peau
si d'aucuns le regrettent d'autres en font usage
A cela rien à dire, même pas un outrage.

Comment dire et que dire quand le flot de la vie
abonde sous mes yeux étrangement absents
Comment dire et que dire si ce n'était hier
qui me rappelle à l'ordre et me prie de durer
pour que le Miel et l'Eau puissent se rencontrer.

(MCB, déposé SGDL)

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Commentaires
M
Ce long poème a jailli -c'est bien le verbe qui convient- sans douleur, avec une facilité déconcertante, comme si les mots étaient sagement empilés dans ma tête ou dans mon corps, et attendaient juste que je mette les mains sur le clavier afin qu'ils s'écoulent...<br /> Beaucoup le trouvent triste, pas moi, et c'est, je crois, celui que je préfère de tous ceux que j'ai écrits (et je suis très sévère, très critique avec mes écrits). Il est très "moi".<br /> Relis-le en...prenant ta respiration...trouve le bon tempo... ou mets un air de trompette dessus...<br /> Ton air à toi.<br /> J'avais beaucoup de mal à lire Ségalen (considéré par Roda-Gil comme LE poète). Et puis je l'ai lu tout haut en prenant un bain : étonnant la résonnance des mots dans l'eau.<br /> Quant à "hier"...j'aimais bien mes hiers, on m'y a beaucoup aimée même si cela n'est pas dit dans ce poème puisque je ne m'en rends compte...qu'aujourd'hui !<br /> Merci de ta fidèlité,
S
Quand on se lance à vouloir cuire toute sa vie d’hier, les mots deviennent la soupape sur le couvercle.<br /> J’avais envie, à la fin de la lecture, de baisser le gaz sous la cocotte. Tu vois Mû, on s’y prend à ces brouillards de vapeur qui s’échappent de tous ces « Si ce n’était hier » d’où naissent le Miel et l’Eau en un complément de nourriture enfin désincarnée, pour deux âmes qui se cherchent depuis la nuit des temps.<br /> Vous vous racontez bien madame… Et on se plait à espérer que…Hier est enfin Passé…<br /> <br /> Bises.<br /> <br /> PS : Tu veux pas un dessin d’une jolie trompette ? (sourire)
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