La fenêtre
Elle était entrée dans sa vie par la fenêtre. Il ne savait pas exactement quand. Probablement le jour où il l'avait laissée à l'espagnolette. Elle avait dû glisser sa main dans l'entrebaillement et tourner la poignée sans bruit. Presque par effraction, se dit-il.
Ensuite, elle avait envahi chaque recoin, s'était incrustée partout. Dans ses jours, dans ses nuits, dans ses pensées, dans ses mots, dans ses gestes, dans son ventre et dans l'air qu'il respirait.
Englué dans cet amour dévorant et presque maladif qu'elle lui portait, au bord de la nausée et de l'asphyxie, il l'avait chassée par la porte et coupé tout moyen de communication avec elle.
Aujourd'hui, cloîtré chez lui, il n'osait plus aérer sa maison et passait son temps à regarder par la fenêtre, cherchant un moyen de s'échapper de la prison dans laquelle il s'était lui-même enfermé.